J’ai eu le plaisir de visiter le Musée de l’Aéronautique Navale, géré par l’A.NA.M.A.N. (l’Association Nationale du Musée de l’Aéronautique Navale), à Rochefort en Charente Maritime. Au passage, Rochefort et la Marine, c’est une histoire qui dure depuis plusieurs siècles déjà, et il y a de très beau sites et musées à visiter.
Le site sur lequel se trouve le musée est chargé d’histoire, puisqu’en 1916, la Marine décida d’y créer un centre d’Aérostation Maritime qui deviendra rapidement (en 1920) le « Centre Ecole d’Aéronautique Navale » (CEAN) regroupant centre d’aérostation, école d’officiers, escadrille d’instruction sur avions et hydravions, école des mécaniciens d’aéronautique, de photographie et météorologie. La toute jeune Armée de l’Air y implante en 1933 son école d’apprentis mécaniciens, cohabitant avec la Marine.
C’est en 1981 que l’Armée de l’Air quitte le site pour Saint Agnant suivi 20 ans plus tard par l’Aéronautique navale, laissant la place à l’école de la Gendarmerie Nationale.
En 1988, l’ancêtre de l’ANAMAN est créé : l’ANAMTAN, (Association Nationale des Amis du Musée de Tradition de l’Aéronautique Navale), pour finalement devenir ANAMAN ( Association des Amis du Musée de l’Aéronautique Navale ) le 1er novembre 1990, puis Association Nationale du Musée de l’Aéronautique Navale (ANaMAN).
En 2009, le département Charente Maritime devient propriétaire de 11, 5 hectares de terrain, des hangars Dodin et Saint Trojan, et de la tour de contrôle.
Le hangar St Trojan (référence à la ville de St Trojan les Bains sur l’ile d’Oléron qui a accueilli pendant la première guerre mondiale un centre d’aviation maritime) a été construit en 1983 et il accueille aujourd’hui les ateliers de restauration des appareils. Cet atelier n’est d’ordinaire pas visitable, mais j’ai eu la chance de la visiter et il me semble important d’en parler.
La restauration des aéronefs
Quand on visite un musée, on n’a pas toujours conscience du travail réalisé en amont pour arriver à présenter un appareil. Parler de cet atelier, c’est mettre en lumière tout ce travail et les gens qui le réalisent.
Lors de ma visite, de nombreuses personnes s’activaient, juste quelques exemples : un sur le moteur d’un T-6, en train de le vidanger, l’autre perché dans le cockpit d’un Flamant en train de recomposer le tableau de bord, un autre lime à la main sur une plaque de plexi pour fabriquer un hublot manquant, pendant que dans un bureau un autre réentoile des gouvernes…
Si la majorité sont d’anciens militaires ou sont issus de métiers du secteur de l’aéronautique, d’autres sont de simples passionnés qui mettent leur savoir ou simplement leurs bras à disposition : c’est un menuisier travaille le plexi, et un biologiste qui s’occupe de l’entoilage. D’horizon, carrière, métiers différent, ils ont tous un point communs : ils sont bénévoles et passionnés.
Les machines qui arrivent sont dans des états très divers, allant de l’épave à l’appareil en état de vol qui se pose simplement pour rentrer au musée.
Avant de présenter un appareil, l’ANAMAN doit parfois simplement vidanger et nettoyer, ou alors démonter, décaper, repeindre, compléter ou carrément reconstruire des parties entières. Pour cela, il faut de la documentation et bien entendu des pièces détachées et quand on n’a pas les pièces ? Dans la mesure du possible, tout « simplement » les recréer ! Système D, impression 3D, etc…
Donc, quand vous visiter un musée, pensez à tous ces travailleurs de l’ombres qui ont œuvré pour arriver à ce résultat.
Après cette visite, retour à la zone public en commençant par un passage à la billetterie où on vous proposera pour 5€ ce petit livret de 42 pages. Je vous le conseille vivement pour 2 raisons : la première évidente parce que cet achat participe au financement de l’association, et la deuxième pour la simple raison qu’il est très bien fait et riche d’informations !

Le hangar Dodin, espace d’exposition
C’est dans ce hangar construit en 1929 de près de 3500m² que se trouve le musée proprement dit, visitable par le public.
Il abrite pas loin d’une trentaine d’appareils, mais aussi de nombreux équipements : tracteurs, moteurs, avionique, sièges, maquettes, etc… Certaines salles sont dédiés à un thème comme la salle « Avionique » :



Il y a plusieurs salles « Maquettes » avec avions, hélicoptères, mais aussi navire (plus de 1500 modèles, la plupart au 1/72). Cette salle abrite aussi divers objets tels que des tenues (2 exemples) :


Chaque pièce exposée est un morceau d’histoire, et certaines sont tout de même assez exceptionnelles ! Le Jaguar M05, prototype unique de la version navalisée, le Crouze avec sa déco dernier vol, tout le tronçon arrière de l’Etendard IVP n°115, ramené sur le Clémenceau par son pilote, le capitaine de corvette Pierre CLARY, avec l’arrière de l’appareil endommagé par un missile ou encore l’un des 3 D.520 préservés en France…




Il y a des tas de choses à voir, par exemple, les structures des pales d’hélicoptères, des moteurs, des missiles…. Ces photos ne représentent qu’un aperçu de ce que vous pourrez y voir…


Vous pouvez visiter l’intérieur de quelques appareils et prendre place à l’intérieur du cockpit d’un Super Etendard, sous l’oeil expert… d’un ancien pilote de Super Etendard !
A ce propos, nous avons profité d’un excellent guide, pour 2€ de plus par personne (ce qui amène le billet d’entrée à 10€). Jean Philippe a été notre guide, et qu’on soit le parfait ignare ou initié, explications, tons, anecdotes permettent d’apprendre et de passer un excellent moment !
Une petite aparté sur notre guide Jean-Philippe « JEX » : ancien mécanicien de l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre), après un cursus à St Maixent, Bourges, il aura travaillé et aussi accumulé 1100 heures de vol sur Alouette II et III, Gazelle 341 et 342 HOT, sur L-19, Broussard et Puma. Il est passé par Dax, Freiburg, le Tchad, Djibouti et Compiègne…
Il a très activement participé à la restauration du H21 de Dax, le « BEJ ». Vous pouvez d’ailleurs lire un article ici : https://www.museehelico-alat.com/index.php/les-restaurations/restauration-du-h-21
Je pense que vous pouvez revenir 3 fois, il aura toujours des choses différentes à vous apprendre !
En tout cas, j’ai loupé plein de choses rapportés par ma femme qui n’en a pas loupé une miette, pendant que j’étais occupé à réaliser quelques photoscopes facilité par Jean-Claude, ancien mécanicien Jaguar.

Le hangar est plein comme un œuf de très belles choses dont certaines vraiment exceptionnelles. Vu ce qui traine coté restauration qui mérite d’être exposé et conservé, un des prochains défi d’ANAMAN : obtenir un nouvel hangar ! Et l’équation n’est pas simple : propriété du Département, zone sous le droit de regard des Bâtiments de France, zone inondable et bien entendu, coût de la construction. Espérons qu’une solution qui satisfasse tout le monde soit trouvée et qu’on puisse tous admirer matériel et appareils aujourd’hui inaccessibles pour des raisons de place !
La Boutique conclue la visite, et nous y avons succombé sans difficulté (il y en a pour tous les budgets)… joignant l’utile (financer l’association) à l’agréable.
Pour conclure, si vous passez près de Rochefort, n’hésitez pas à faire un crochet, en prenant bien garde de vérifier les jours de visites. A l’heure où j’écris ces lignes mardi matin et après midi, et samedi après midi. Les enfants sont particulièrement bien accueillis, avec un livret de visite spécifique ludique et instructif.
Tous mes remerciements à :
- Jacques pour la mise en contact
- Jean-Philippe pour l’organisation de la visite de l’atelier et qui a été un guide 5 étoiles toute l’après midi
- Jean-Claude pour son aide pour les photoscopes et le temps à répondre à mes questions
- Pierre pour la visite du C-47
- Philippe notre « instructeur » Super Etendard
- Michel, président de l’association
- A tous les bénévoles présents à l’atelier en plein labeurs qui ont pris le temps de nous montrer et expliquer ce qu’ils faisaient
- Et à tous les autres « invisibles » qui œuvrent pour notre patrimoine.
Cliquez sur l’image pour allez visiter le site de l’association :
